4 décembre 2012
Verger - Rainer Maria Rilke
Verger
Heureux verger, tout tendu à parfaire
De tous ses fruits les innombrables plans,
Et qui sait bien son instinct séculaire
Plier à la jeunesse d'un instant.
Quel beau travail, quel ordre que le tien !
Qui tant insiste dans les branches torses,
Mais qui enfin, enchanté de leur force,
Déborde dans un calme aérien.
Tes dangers et les miens, ne sont-ils point
Tout fraternels, ô verger, ô mon frère ?
Un même vent, nous venant de loin,
Nous force d'être tendres et austères.
Rainer Maria RILKE
[Vergers – VII – 1926]
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