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CLOPIN - CLOPANT
5 avril 2007

Mères-Filles : une relation à trois - Caroline ELIACHEFF [Livre]

Caroline ELIACHEFF / MÈRES-FILLES : une relation à trois / Albin Michel / 2002

Dans ce livre écrit en duo, du point de vue de la psychanalyste, Caroline ELIACHEFF ou de la sociologue Nathalie HEINICH, vous trouverez obligatoirement votre propre exemple en tant que fille, que vous soyez mère vous-même, ou fille tout simplement. Qui êtes-vous ? Plus mères que filles ou plus femmes que mères ? Si les femmes ne deviennent pas toutes mères, si les mères n’ont pas toutes des filles, toutes ont une mère. S’interroger sur la relation mère-fille est donc leur point commun. C’est aussi celui des hommes impliqués, qu’ils le veuillent ou non, dans cette relation. « Alors qu’une mère plus mère que femme est là quand il le faut – et parfois aussi quand il ne faut pas – une mère plus femme que mère n’est jamais là quand on l’attend… ». Dans ce livre, vous allez forcément pouvoir retrouver le tracé de votre vie de fille et comprendre votre mère dans son parcours avec vous. Pas facile de réaliser cette coupure et de s’engager dans la vie au niveau de sa propre génération sans reproduire le schéma de votre mère. Chrysalide avant sa mue, la femme se doit de devenir autre chose que l’enfant de sa mère. L’une pousse vers l’avenir et l’autre tire vers le passé. Il ne suffit pas de devenir adulte pour s’affranchir de la relation mère-fille. Pour comprendre cette relation complexe, les auteurs ont puisé dans la fiction. Qui se souvient de la fille d’Emma Bovary ? ELIACHEFF et HEINICH rappellent à ceux qui l’avaient oublié le triste sort de la petite Berthe, maltraitée par la neurasthénique héroïne de Flaubert. Une foule d’autres exemples, empruntés au roman et au cinéma, servent aux auteurs pour démasquer les avatars de l’amour maternel, avec ses tête-à-tête confusionnels mère-fille, traditionnellement boudés par la psychanalyse. Pourquoi la fiction ? « Parce qu’elle revêt un intérêt sociologique et analytique en renvoyant à un imaginaire collectif ». La fiction grossit le trait, mais elle rend les situations problématiques plus lisibles. Aux deux extrêmes, on trouve les mères « plus mères que femmes », qui empêchent leur fille d’exister, et les mères « plus femmes que mères » - telle l’amoureuse Emma Bovary – qui évincent leur enfant de leur vie. Une mère doit se situer entre les deux et savoir modifier son comportement à mesure que sa fille grandit. La particularité de la relation mère-fille est qu’elle ne tourne pas autour d’un problème de sexualité mais d’un problème d’identité. Il faut que la fille s’identifie à sa mère pour se construire des repères, puis qu’elle s’en différencie pour devenir elle-même et acquérir sa propre personnalité. Nécessité d’une relation à trois, parce qu’une fille doit trouver un autre modèle que celui de sa mère – un père ou une autre référence – pour s’affirmer. Affirmation d’autant plus difficile que fille et mère sont du même sexe. Or la contraception, le déclin de l’autorité paternelle et les techniques de procréations assistées favorisent les fantasmes de toute-puissance chez les mères. Et, lorsqu’il n’y a plus de tiers pour faire barrage, les conséquences sont catastrophiques. Ce livre est passionnant, sa lecture est fluide, à conseiller aux mères, aux filles, aux femmes mais il n’est pas interdit aux pères, aux fils, aux hommes…
Muze15

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  • Plutôt un "carnet" de vie qu'un journal intime! Pépites de lectures, trésors de musique, magie des mots, "tsunami" de sensations, de découvertes, de pistes de réflexion pour mieux cheminer dans ce monde cruel et érodant.
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