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CLOPIN - CLOPANT
11 mai 2012

Chanson de la plus haute tour - Arthur Rimbaud

Chanson de la plus haute tour

 

Oisive jeunesse

A tout asservie,

Par délicatesse

J'ai perdu ma vie.

Ah ! Que le temps vienne

Où les cœurs s'éprennent.

 

Je me suis dit : laisse,

Et qu'on ne te voie :

Et sans la promesse

De plus hautes joies.

Que rien ne t'arrête,

Auguste retraite.

 

J'ai tant fait patience

Qu'à jamais j'oublie ;

Craintes et souffrances

Aux cieux sont parties.

Et la soif malsaine

Obscurcit mes veines.

 

Ainsi la prairie

A l'oubli livrée,

Grandie, et fleurie

D'encens et d'ivraies

Au bourdon farouche

De cent sales mouches.

 

Ah ! Mille veuvages

De la si pauvre âme

Qui n'a que l'image

De la Notre-Dame !

Est-ce que l'on prie

La Vierge Marie ?

 

Oisive jeunesse

A tout asservie,

Par délicatesse

J'ai perdu ma vie.

Ah ! Que le temps vienne

Où les cœurs s'éprennent !

 

Arthur RIMBAUD

(1854-1891)

[Derniers vers]

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CLOPIN - CLOPANT
  • Plutôt un "carnet" de vie qu'un journal intime! Pépites de lectures, trésors de musique, magie des mots, "tsunami" de sensations, de découvertes, de pistes de réflexion pour mieux cheminer dans ce monde cruel et érodant.
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