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CLOPIN - CLOPANT
2 mars 2011

Chanson de fou - Émile Verhaeren

Chanson de fou

 

le crapaud noir sur le sol blanc

me fixe indubitablement

avec des yeux plus grands que n' est grande sa tête ;

ce sont les yeux qu' on m' a volés

quand mes regards s' en sont allés,

un soir, que je tournai la tête.

 

Mon frère ? -il est quelqu'un qui ment,

avec de la farine entre ses dents ;

c' est lui, jambes et bras en croix,

qui tourne au loin, là-bas,

qui tourne au vent,

sur ce moulin de bois.

 

Et celui-ci, c' est mon cousin

qui fut curé et but si fort du vin

que le soleil en devint rouge ;

j' ai su qu' il habitait un bouge,

avec des morts, dans ses armoires.

Car nous avons pour génitoires

deux cailloux

et pour monnaie un sac de poux.

Nous, les trois fous,

qui épousons, au clair de lune,

trois folles dames sur la dune.

 

Émile VERHAEREN

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  • Plutôt un "carnet" de vie qu'un journal intime! Pépites de lectures, trésors de musique, magie des mots, "tsunami" de sensations, de découvertes, de pistes de réflexion pour mieux cheminer dans ce monde cruel et érodant.
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