13 février 2011
Sonnet XII - Louise Labé
XII
Luth, compagnon de mon malheur
témoin irréprochable de mes plaintes,
toi qui tiens loyalement le registre de mes chagrins
tu t'es souvent lamenté avec moi ;
et mes larmes pitoyables t'ont tellement blessé
que, commençant quelque chant délectable,
tu le rendais tout soudain triste,
passant du mode majeur au mineur.
Et si je veux te forcer à faire le contraire,
tu te désaccordes et ainsi tu me contrains au silence :
mais, me voyant soupirer d'amour,
tu laisses s'exhaler ma si triste plainte,
je suis contrainte de me plaire dans mon chagrin
et d'espérer la douce fin d'une douce souffrance.
Louise LABÉ
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