Le ciel brûle - Marina Tsvetaïeva
Le ciel brûle
Les nuits sans celui qu’on aime - et les
nuits
Avec celui qu’on n’aime pas, et les grandes
étoiles
Au dessus de la tête en feu et les mains
Qui se tendent vers Celui -
Qui n’est pas - qui ne sera jamais,
qui ne peut être - et celui qui le doit…
Et l’enfant qui pleure le héros
Et le héros qui pleure l’enfant,
Et les grandes montagnes de pierre
Sur la poitrine de celui qui doit-en bas...
Je sais tout ce qui fut, tout ce qui sera,
Je connais ce mystère sourd-muet
Que dans la langue menteuse et noire
Des humains - on appelle la vie.
Marina TSVETAÏEVA
(1892-1941)
[1917]
Méconnue de son vivant, Marina Tsvetaïeva
est un des poètes les plus original de langue russe du XXe siècle. Poète
lyrique, elle publie dans des revues dès l’âge de seize ans. Après 17 années d’exil,
elle revient en union soviétique en 1939 où elle est persécutée par le régime
et se suicide en 1941. Sa réhabilitation littéraire commence dans les années
60. La poésie de Tsvetaïeva vient du plus profond de sa personnalité, de son
excentricité, et de son usage très précis de la langue.