Printemps - Victor Hugo
Printemps
Tout
est lumière, tout est joie.
L'araignée
au pied diligent
Attache
aux tulipes de soie
Les
rondes dentelles d'argent.
La
frissonnante libellule
Mire
les globes de ses yeux
Dans
l'étang splendide où pullule
Tout
un monde mystérieux.
La
rose semble, rajeunie,
S'accoupler
au bouton vermeil
L'oiseau
chante plein d'harmonie
Dans
les rameaux pleins de soleil.
Sous
les bois, où tout bruit s'émousse,
Le
faon craintif joue en rêvant :
Dans
les verts écrins de la mousse,
Luit
le scarabée, or vivant.
La
lune au jour est tiède et pâle
Comme
un joyeux convalescent;
Tendre,
elle ouvre ses yeux d'opale
D'où
la douceur du ciel descend !
Tout
vit et se pose avec grâce,
Le
rayon sur le seuil ouvert,
L'ombre
qui fuit sur l'eau qui passe,
Le
ciel bleu sur le coteau vert !
La
plaine brille, heureuse et pure;
Le
bois jase ; l'herbe fleurit.
-
Homme ! ne crains rien ! la nature
Sait
le grand secret, et sourit.
Victor
HUGO