De celui qui entra de nuit chez s’amie - Clément Marot
De celui qui entra de nuit chez s’amie
De nuit et jour faut être aventureux
Qui d’amours veut avoir biens plantureux :
Quant est de moi, je n’eus onc crainte d’âme,
Fors seulement, en entrant chez ma Dame,
D’être aperçu des Langars dangereux.
Un soir bien tard me firent si peureux,
Qu’avis m’était qu’il était jour pour eux :
Mais si entrai-je, et n’en vint jamais blâme
De nuit et jour.
La nuit je pris d’elle un fruit savoureux,
Au point du jour vis son corps amoureux,
Entre deux draps, plus odorants que Baume.
Mon Œil adonc, qui de plaisir se pâme,
Dit à mes Bras : vous êtes bien heureux
De nuit et jour.
Clément MAROT
(1496-1544)
(1532)
[L’Adolescence clémentine]
Marot, par son tour et par son style, semble avoir écrit depuis Ronsard : il n’y a guère entre ce premier et nous que la différence de quelques mots.
La BRUYÈRE