Sagesse 2003 - Olivier Barbarant
Sagesse 2003
Il n’y a plus de paille dans l’étable espérance
De grosses guêpes de métal on craint l’ivresse d’un vol fou
Parce qu’à force de cadavres les roses de la mi-septembre
Ont connu d’étranges couleurs
Pour ne rien dire d’un parfum de chair grillée sous la piqûre des électrodes
Et vrai ! c’est étonnant comme les bruits des bottes
Résonnent au cerveau des pauvres en prison
Le goût perdu de l’avenir il a fallu depuis l’enfance replier les drapeaux
Pour se crisper sur d’autres songes
L’Art arborant sa majuscule alors postulerait au panthéon
On aurait avec un plongeoir pour les cieux
Et des dieux nouveaux surgis des coulisses
Ou bien au bout du vers le monde ouvert où la lumière brillerait
Mais quand bien même on sentirait cette secousse de syntaxe
Ce presque rien depuis les mots qui se déplie et puis scintille
Le bonheur soudain de mâcher une image comme une menthe
Nul n’a jamais vaincu vraiment la nuit
Ni quelque belle que fût la pièce
Le sang toujours du dénouement
L’espoir alors ? Autant chercher un brin de foin
Dans une meule d’aiguilles
(Reste l’espoir de parler juste
Avec la langue en nous debout).
Olivier BARBARANT
[Poème publié dans l'anthologie Une salve d'avenir. L'espoir, anthologie poétique, parue chez Gallimard en Mars 2004]