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CLOPIN - CLOPANT
16 janvier 2009

Ainsi des bribes - Claude Ber

-I-

ainsi des bribes

ainsi des bribes
reste de
et mon langage - ou le poème - de même
tendu aux temps doubles du passé et de l'avenir
retranché du présent
de même que moi retranchée, tranchée deux fois
demeurant aux trous ouverts de la bouche du sexe et de la tombe

ainsi des moments de croyance à la lisière de la certitude
dans l'intimidation douloureuse de la pensée
d'une parole faisant péché de la pensée
moi disant dedans entêtée acharnée
Gedanken ist frei Gedanken ist frei Gedanken ist frei
tel un mantra pour que ne soit aucunement jamais débusquée ma pensée
je pensais
retranchée, tranchée deux fois pour que ne soit empêchée ma pensée

ainsi tel un apaisement dans l'hystérie de l'arasement de la pensée
parlant muet parlant silence pensant silence
sans chercher à trancher
de toute façon retranchée, tranchée deux fois
sans coutelas pour tailler découper diviser
- à peine un terreau de lèvres ébréchées -
moi qui suis de toute façon retranchée, tranchée deux fois
laissant être ce qui est multiplement dans l'indivis de la pensée
moi tranchée retranchée tant de fois soustraite
de moi de tant soustraite
je parle sans parce que pas de
là bas où     rien     et encore trop ce rien
comme chantant obstinément à voix absente
en mots réduits à l'ordre du silence
les joignant nous joignant
en ce qui balbutie

II-

anamorphose

de nouveau vacillement de nouveau incertitude
ou encore anamorphose comme
une folie de la raison et une raison de la folie dans l'ombre portée de l'une sur l'autre
dans ce qui les courbe mathématiquement l'une vers l'autre
de nouveau mort et vie raison et folie abouchées l'une à l'autre et cette anamorphose de l'esprit ployé à l'autre de lui-même
alors que familières intimes sont mort et vie raison et folie   
ou encore voisines et habituelles - nous tous habitués à elles -
mais la jeune femme dansante heureuse dans l'insouciance se tétanise de soubresauts

de nouveau mourant la mort et affolée la folie et vivante la vie
dans cela qui peut être inhumainement l'horreur    ou encore humainement l'horreur
qui est inhumainement l'humain   
humainement l'inhumain
humainement inhumainement extase et horreur
dans cet à peine de parole comme
la ligne tendue d' une parole étrangère à la parole
sur ce fil de nouveau sur ce fil je peine à tenir
tombant   
dans ce lieu sans tombée qu'est le dégringolé de la parole

de nouveau la mort qui fait de toute forme habitacle
et d'un redent de ciel la caverne qui couve anguilles murènes aspics de connaissance - dont se paye le prix sans proportion au gain -
de nouveau la folie qui fait de toute forme l'exorbité de la forme comme
des yeux voyant des quarks ou des talons posés - prudemment car si déroutés - dans les ondulations de Rieman ou de Lobatchevsky
ou encore quand se dévident langues et espaces à rebours d'eux-mêmes
je pile dans un mortier mort et folie en même temps que peur et douleur plénitude et jouissance
et cette pâte ou encore terre pétrie de vivants et de morts     ou encore argile originelle
est une manne à la trachée
une hostie à l'urne des avalants
de nouveau et encore
dans ma bouche la parole

Claude BER
2003
[Poèmes extraits de « LA MORT N’EST JAMAIS COMME » ed. Via Valeriano – Léo Scheer]

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CLOPIN - CLOPANT
  • Plutôt un "carnet" de vie qu'un journal intime! Pépites de lectures, trésors de musique, magie des mots, "tsunami" de sensations, de découvertes, de pistes de réflexion pour mieux cheminer dans ce monde cruel et érodant.
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