Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CLOPIN - CLOPANT
1 septembre 2007

L'effondrement du progrès historique - Muze15 - [III]

L'effondrement du progrès historique

    C’est une banalité creuse d’affirmer qu’il faut moderniser la politique française. L’urgence est en fait plus ambitieuse : elle est, de la post-moderniser, d’envisager un au-delà de la modernité. On ne peut continuer sur la voie dite du développement avec l’obsession de l’efficacité-rentabilité économique et de la primauté de la technique au détriment de toute notion d’humanisme. Nous devons comprendre que la qualité doit primer sur la quantité, que ce qui est proprement humain échappe au calcul. Nous verrons la revanche d’Ivan Illich, prophète de la convivialité. Chaque année expose nos sociétés hyper technologiques, vouées à la rentabilité et au progrès-profit effrénés, à des catastrophes comme la crise très révélatrice de la vache folle.

    Il faut faire à la fois la critique du réalisme et la critique de l’utopie. Il convient d’être capable d’une pensée complexe. Après la débâcle française de 1940 et jusqu’à l’automne 1941, il était réaliste d’être vichyste, c’est-à-dire d’accepter comme fatalité la domination nazie sur l’Europe. Ce réalisme est devenu « irréaliste » en deux ans.

    Enfin, il faut concevoir pour le futur la possibilité d’une création nouvelle, d’une métamorphose, inconcevable avant qu’elle se produise. Quand un système est incapable de résoudre avec ses propres moyens ses problèmes fondamentaux, ou bien il craque, ou bien il réussit à faire surgir de lui un « métasystème », plus complexe, capable de résoudre les problèmes qui se posent à lui. Les sociétés actuelles sont incapables de traiter les problèmes planétaires fondamentaux. Il est vital qu’elles s’associent, d’où l’alternative « association » ou « barbarie ». Mais cette association devrait faire émerger une société de type nouveau, une « société-monde ».

    On ne peut saisir les problèmes globaux de la planète, tant qu’on reste dans une connaissance fragmentée selon des disciplines cloisonnées ; il nous faut une réforme de pensée qui nous permettrait de concevoir les problèmes fondamentaux et globaux que notre connaissance actuelle réduit en miettes. On ne peut penser isolément ni le local, ni le global. Ils s’interpellent sans arrêt, s’interpénètrent et se confondent. D’où la nécessité d’une pensée complexe. Le « new-deal civilisationnel », plutôt de type néo-réaliste, passe par une réforme intellectuelle et morale.

    L’appel heideggerien à habiter poétiquement la terre peut-il donner une forme concrète à cette utopie de la complexité ? Nous vivons prosaïquement quand nous faisons ce que nous sommes obligés de faire pour survivre. Vivre vraiment, c’est vivre dans l’intensité de la passion, du jeu, de la communauté. Il faut substituer à l’idée de développement, qui se fie au progrès techno-économique pour assurer le progrès humain, l’idée d’une politique de civilisation même et à reconsidérer les principes qui commandent et qui nous mènent à la sclérose, la régression voire la catastrophe. Notre civilisation, comme le dit Edgar MORIN, ne sécrète plus de l’espérance, comme elle ne sécrète plus de solidarité.

    L’idée qu’une autre voie est possible susciterait une résurrection de l’espoir. Non pas l’ancien espoir, fondé sur la certitude du progrès, mais un espoir conscient du pari qu’il comporte.
Muze15

Publicité
Publicité
Commentaires
CLOPIN - CLOPANT
  • Plutôt un "carnet" de vie qu'un journal intime! Pépites de lectures, trésors de musique, magie des mots, "tsunami" de sensations, de découvertes, de pistes de réflexion pour mieux cheminer dans ce monde cruel et érodant.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité