Race et Histoire - Claude Lévi-Strauss - [Livre]
Claude LÉVI-STRAUSS / RACE ET HISTOIRE / Folio-Essai / 1952
Par deux fois, à la demande de l’UNESCO, d’abord dans Race et Histoire (1952), puis dans Race et Culture (1971), Claude LÉVI-STRAUSS, l’un des maîtres de l’anthropologie contemporaine, auteur de nombreux ouvrages ayant marqué l’évolution de la pensée en sciences sociales, s’est penché sur la question du racisme. La diversité des cultures, la place de la civilisation occidentale dans le déroulement historique et le rôle du hasard, la relativité de l’idée de progrès, tels sont les thèmes majeurs de Race et Histoire. Dans ce texte écrit dans une langue toujours claire et précise, et sans technicité exagérée, apparaissent quelques-uns des principes sur lesquels se fonde le structuralisme. Ce petit livre est une contribution du célèbre ethnologue à la lutte contre le racisme. LÉVI-STRAUSS attaque la notion de racisme au travers du complexe de supériorité de la civilisation occidentale. On croit trop souvent que cette dernière, malgré ses défauts, constitue la forme la plus avancée de progrès et que les autres civilisations (aborigène, pré-colombiennes, asiatiques, etc…) ne sont que des versions « enfants » ou « adolescentes » de la civilisation occidentale. L’auteur, grâce à des exemples clairs et frappants, démontre qu’il n’en est rien. Après une étude complète, il en déduit que la civilisation européenne n’est très importante que par sa puissance et par le fait que ce soit la nôtre. LÉVI-STRAUSS étudie l’ethnocentrisme et définit ses différentes manifestations fondées sur trois axes : la définition de l’ethnocentrisme, la dénonciation de la partialité des critères d’évolution des sociétés et la remise en cause de l’image rassurante du progrès. Il démontre entre autres une théorie de la relativité des civilisations : une civilisation serait d’autant plus en progrès que l’on serait proche d’elle et il serait impossible à une personne extérieure de distinguer du progrès dans une civilisation où il n’aurait aucun repère. La chance qu’a une culture de totaliser cet ensemble complexe d’inventions que nous appelons une civilisation est fonction du nombre et de la diversité des cultures avec lesquelles elle partage une commune stratégie. La civilisation mondiale ne saurait être autre chose que la coalition, à l’échelle mondiale, des cultures préservant chacune son originalité. LÉVI-STRAUSS conclut à l’absurdité du racisme de civilisation de la même façon que les biologistes démontrent l’absurdité du racisme « biologique ».
Muze15