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CLOPIN - CLOPANT
17 avril 2007

La partie de dames - Nata Minor - [Livre]

Nata MINOR / LA PARTIE DE DAMES / Le Reflet / 2001

Sur la pointe des pieds et retenant son souffle, Nata MINOR regagne le pays natal, un pays disparu, entré dans la légende, cette saint Russie qui n’existe plus que pour mémoire comme La Cerisaie de Tchekhov. Il suffit d’un mot, voire même d’un accent pour qu’elle émerge, intacte, du passé. En attendant, elle dort dans la maison voisine, gardée par un dernier témoin, Afanassi, valet de chambre trop parfait pour ne pas inquiéter. Une visiteuse franchit le seuil et, malgré le malaise qu’elle éprouve, consent à boire une tasse de thé. Entre nouveaux voisins, quoi de plus naturel que de se convier à prendre le thé pour faire connaissance ? De retour d’un long voyage, la narratrice trouve une invitation glissée sous sa porte… un an plus tôt. Lorsqu’elle se présente chez sa voisine, c’est le valet qui l’accueille. Mais pourquoi l’hôtesse ne se montre-t-elle pas ? Parce qu’elle vient de mourir et repose, au bout du couloir, dans « sa robe jaune à trou-trou levantine ». Mais que dirait-elle de revenir dans l’après-midi pour recevoir les condoléances des amis de « Mademoiselle » ? C’est le début d’une étrange relation entre la narratrice et Afanassi. Fascinée par cet homme surgi tout droit d’une pièce de Tchekhov, dont chaque parole, chaque geste, ressuscite un passé énigmatique, elle revient le voir, jour après jour. Le rituel est immuable : autour d’une tasse de thé et d’un jeu de dames, Afanassi lui conte dans les méandres de sa mémoire chaotique et sur les chemins buissonniers de son imagination débridée, les aventures de « Mademoiselle », jeune française, fille de diplomate en poste à Saint-Pétersbourg, fuyant Odessa envahie par les bolcheviks, illuminée par l’amour lors d’un séjour en sanatorium. Un amour aussi violent qu’irrationnel : l’homme qui va occuper ses pensées jusqu’à devenir une obsession n’est autre que Pierre Loti, auteur du voluptueux Aziyadé. À la recherche du « bel officier », Mademoiselle va lui écrire un fleuve de lettres, sillonner l’Europe, de Paris à Istanbul, le chercher dans les ruelles de Constantinople, crut l’apercevoir dans un café, - mais il avait déjà quitté ce monde, officiellement du moins, on ne peut jamais être sûr -, accompagné du dévoué Afanassi et de la « robe jaune à trou-trou levantine » qu’elle s’est jurée de porter le jour de leur rencontre… Afanassi qui n’aura vécu que pour et par elle ne demande qu’à remonter le cours du temps. En vain, la visiteuse s’efforce-t-elle d’élucider le mystère ou d’y renoncer, le piège s’est refermé sur elle comme sur le lecteur qui ne s’en dépêtrera plus. Le livre se prolonge au-delà des pages, à la poursuite d’un fin mot qui lui échappera toujours, qui peut-être contient le secret de l’âme russe. Au fil des confidences, réalité et fiction s’entremêlent, souvenirs de l’énigmatique valet de chambre et imaginaire de la narratrice. Un délicat exercice romanesque, fragile et précieux, aussi finement tissé que les courtes proses de Nina Berberova et qui, comme elles, laisse au lecteur un goût doux-amer d’inachevé…
Muze15

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CLOPIN - CLOPANT
  • Plutôt un "carnet" de vie qu'un journal intime! Pépites de lectures, trésors de musique, magie des mots, "tsunami" de sensations, de découvertes, de pistes de réflexion pour mieux cheminer dans ce monde cruel et érodant.
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