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CLOPIN - CLOPANT
24 mars 2007

La jeune fille à la perle - Tracy Chevalier - [Livre]

Tracy CHEVALIER / LA JEUNE FILLE A LA PERLE / Quai Voltaire / 1999

Nous sommes à Delft, au XVII ème siècle. Fille d’un faïencier ruiné, Griet, agée de 16 ans, est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Emu, le maître, l’introduit peu à peu dans son univers. C’est un texte sur l’ambiguité, celle d’une adolescente toute à la fois modeste employée, dévolue aux plus basses tâches ménagères, et cependant seule à être admise dans le ”saint des saints” : l’atelier du peintre. Créature distinguée par le maître, et par-là même, victime de son entourage féminin (épouse, belle-mère, intendante). Reconstitution d’une vie imaginaire en partant du tableau qui donne son titre au roman. Par son sens discret du pittoresque et son pouvoir de suggestion, ce roman accomplit une véritable résurrection : celle d’une civilisation, d’un ”vivre” qui n’est plus le nôtre. Les pages où nous suivons la jeune Griet dans les ruelles de Delft, la description des ses allées et venues dans la demeure de Vermeer ont une qualité visuelle toute picturale, voire cinématographique. Banale histoire d’amour ancillaire. Plutôt récit d’une passion tacite, fable sur le regard et la fascination, la lente et insidieuse corruption de l’innocence. Cette ténuité, cette discrétion, loin d’être la marque d’une inconsistance, traduisent au contraire l’intensité et le poids d’un monde intérieur fait de rêves, d’inquiétude, de non-dits, de passions tues. Ce livre est aussi méticuleux que pouvait l’être le Maître, il révèle la magie de la création, l’importance du détail et l’envoûtement des couleurs.De facture classique, l’histoire se déroule de façon linéaire, de la rencontre entre les deux personnages jusqu’à la mort de l’un d’eux. L’écriture est simple, tout au service du récit, sa beauté naît de cette transparence. Tracy CHEVALIER a eu l’heureuse idée de respecter le mystère qui entoure Jan Vermeer. La narratrice, c’est-à-dire Griet elle-même, sait peu de choses de son maître. Il ne parle guère, ne s’explique pas. Il ne l’approche qu’une fois, pour un simple effleurement, dans lequel se concentre tout l’érotisme de leur relation. Il reste le seul être qui lui ait donné accès à la beauté, quelque temps dans cette pauvre vie de labeur. Ce texte fait preuve d’une telle cohérence et d’une telle patience, notamment dans les scènes de poses, sous le regard absorbé du maître, où Griet s’abîme dans la vue de Delft, que l’on ressent le subtil rapport de dévotion des artistes à leur travail au XVII ème siècle.
Muze15

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  • Plutôt un "carnet" de vie qu'un journal intime! Pépites de lectures, trésors de musique, magie des mots, "tsunami" de sensations, de découvertes, de pistes de réflexion pour mieux cheminer dans ce monde cruel et érodant.
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