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CLOPIN - CLOPANT
16 mars 2007

À ce soir - Laure Adler - [Livre]

Laure ADLER / A CE SOIR / Gallimard / 2001

Laure ADLER nous conte l’histoire du deuil de son petit garçon, emporté à neuf mois de la mort subite du nourrisson, il y a dix-sept ans. Survivre à la mort de son enfant ! Désormais, il y aura toujours la vie avant et la vie après le drame. C’est la chronique d’une douleur qui est en elle comme « un grand chien fou qui peut vous enfoncer sans crier gare ses crocs jusqu’au sang ». Cette blessure engendrée par la perte ne peut jamais cicatriser : « Je sais depuis dix-sept ans que la douleur est et restera ma compagne. Je vis avec elle. Je la tiens en laisse. Quelquefois, elle me bouscule et me fait tomber ». Les premières images qui reviennent sont d’abord celles, remontant des parois de la mémoire, d’une grossesse inattendue et victorieuse, qui voit la narratrice « aspirée dans ce tourbillon centrifuge qu’est la promesse de ce commencement », puis des instantanés de l’accouchement, des découvertes mutuelles à enfin des visions de la mort à l’œuvre. Laure ADLER nous livre par l’écrit cette expérience intime et douloureuse pour « tenter d’approcher avec les mots cette forme vide en moi, la circonscrire ». L’écriture n’est pas un moyen de calmer la souffrance mais un pont qui relie le “je” d’avant avec celui du “je” d’après l’événement. « J’écris pour mettre à distance et tenter d’apprivoiser le temps ».Sans jamais forcer l’émotion, ce récit grâce à la sobriété de la phrase, la justesse des mots, l’objectivité du reportage, la force de l’amour, articulé autour de courts paragraphes, jetés au hasard comme un cri, alternant narration, questions, réflexions, est un témoignage bouleversant. Les sentiments d’incompréhension, d’horreur et de révolte se mêlent à ceux d’impuissance, de culpabilité et d’abandon. La douleur reste intense et l’émotion intacte parce que le temps ne comble pas le manque. Et ce texte participe d’un combat contre l’oubli : « Vivre avec la mort de l’enfant. Ne plus la cacher. Ne pas l’exhiber non plus. Comment trouver la mesure ? ». L’auteur devait porter ce texte en elle depuis des années et maintenant qu’il est écrit, sa vie ne sera peut-être plus tout à fait la même. Le chagrin s’est mis en veilleuse, prêt cependant à resurgir d’un instant à l’autre, aussi vivace qu’au premier jour. C’est une leçon de vie, d’humanité et d’amour d’une mère vivante d’un enfant qui n’est plus là.
Muze15

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CLOPIN - CLOPANT
  • Plutôt un "carnet" de vie qu'un journal intime! Pépites de lectures, trésors de musique, magie des mots, "tsunami" de sensations, de découvertes, de pistes de réflexion pour mieux cheminer dans ce monde cruel et érodant.
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