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CLOPIN - CLOPANT
2 novembre 2008

Les morts ne sont pas morts - Birago Diop

Les morts ne sont pas morts

Les morts ne sont pas morts
Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend
Entends la voix de l'eau
Ecoute dans le vent
Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis
Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire
Et dans l'ombre qui s'épaissit,
Les morts ne sont pas sous la terre
Ils sont dans l'arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l'eau qui coule,
Ils sont dans l'eau qui dort,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule
Les morts ne sont pas morts.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis,
Ils sont dans le sein de la femme,
Ils sont dans l'enfant qui vagit,
Et dans le tison qui s'enflamme,
Les morts ne sont jamais sous terre,
Ils sont dans le feu qui s'éteint,
Ils sont dans le rocher qui geint,
Ils sont dans les herbes qui pleurent,
Ils sont dans la forêt, ils sont dans la demeure,
Les morts ne sont pas morts.
Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend
Entends la voix de l'eau
Ecoute dans le vent
Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres.
Le souffle des ancêtres morts
Qui ne sont pas partis,
Qui ne sont pas sous terre,
Qui ne sont pas morts
Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend
Entends la voix de l'eau
Ecoute dans le vent
Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres
Il redit chaque jour le pacte
Le grand pacte qui lie,
Qui lie à la loi notre sort;
Aux actes des souffles plus forts,
Le sort de nos morts qui ne sont pas morts;
Le lord pacte qui nous lie aux acte
Des souffles qui se meuvent.

Dans le lit et sur les rives du fleuve,
Dans plusieurs souffles qui se meuvent
Dans le rocher qui geint et dans l'herbe qui pleure
Des souffles qui demeurent
Dans l'ombre qui s'éclaire on s'épaissit,
Dans l'arbre qui frémit, dans le bois qui gémit,
Et dans l'eau qui coule et dans l'eau qui dort,
Des souffles plus forts, qui ont pris
Le souffle des morts qui ne sont pas morts,
Des morts qui ne sont pas partis,
Des morts qui ne sont plus sous terre.
Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres...

Birago DIOP
[Les contes d'Amadou Koumba]

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Commentaires
A
J adore!!! Un poeme qui m a marque...
B
les mort ne sont-ils pas morts? peut être oui peut être non.Birago Diop, j’apprécie beaucoup votre poème, il me rappelle beaucoup de choses;un bon poème qui pousse à penser sur le sens de la vie et de la mort, je le lis et j'y médite si souvent;c'est beau! Toute fois, veillez nous prouver que les morts sont dans la nature. N'est-ce pas seulement une imagination qui se fonde sur l'amour de la nature? Le souffle des ancêtres est dans la forêt,les eaux, le vent, le feu... mais pourquoi les mêmes problèmes laissés par ces derniers dans le monde ne sont plus résolus par eux-même?
B
Les moments de bonheur surviennent toujours a un humain, même s'il en reste quelque minute pour-qu'il rejoint l'autre monde.
M
Ainsi, dans une culture de l’oralité, valorisant la relation, la mémoire des êtres chers n’est pas préservée par l’érection de statues ou par des livres d’histoire, mais par l’érection d’un culte dans lequel la mort, rupture définitive de la relation, est vaincue par la préservation de la relation au-delà de la mort physique et dans l’éternité. En Afrique, selon le fameux poème de Birago Diop : les morts ne sont pas morts…<br /> <br /> Ils sont dans l'arbre qui frémit,<br /> <br /> Ils sont dans le bois qui gémit,<br /> <br /> Ils sont dans l'eau qui coule,<br /> <br /> Ils sont dans l'eau qui dort… <br /> <br /> Ils sont dans le feu qui s'éteint,<br /> <br /> Ils sont dans le rocher qui geint,<br /> <br /> Ils sont dans les herbes qui pleurent,<br /> <br /> Ils sont dans la forêt…<br /> <br /> Les parents défunts ne sont pas morts non plus. D’où le phénomène du culte des morts, et des ancêtres si typique de l’Afrique, cultivatrice passionnée de la relation et de la relation avec le monde invisible…<br /> <br /> Ecoute dans le vent<br /> <br /> Le buisson en sanglot :<br /> <br /> C'est le souffle des ancêtres<br /> <br /> Il redit chaque jour le pacte<br /> <br /> Le grand pacte qui lie,<br /> <br /> Qui lie à la loi notre sort;<br /> <br /> Aux actes des souffles plus forts… <br /> <br /> La loi fondamentale negro africaine, le fondement de la culture et de la religion, c’est la foi en ce grand pacte qui lie le sort des vivants aux actes des souffles plus forts que sont les ancêtres et le monde invisible dont Dieu Lui-même.
CLOPIN - CLOPANT
  • Plutôt un "carnet" de vie qu'un journal intime! Pépites de lectures, trésors de musique, magie des mots, "tsunami" de sensations, de découvertes, de pistes de réflexion pour mieux cheminer dans ce monde cruel et érodant.
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