Le jugement de Komor - Charles-Marie Leconte de Lisle [IV]
Le jugement de Komor
Puis tout se tut. Le vent faisait rage au dehors ;
Et la mer, soulevant ses lames furibondes,
Ébranlait l'escalier crevassé de ses bords.
Une femme, à pas lents, très belle, aux tresses blondes,
De blanc vêtue, aux yeux calmes, tristes et doux,
Entra, se détachant des ténèbres profondes.
Elle vit, sans trembler ni fléchir les genoux,
Le crucifix, le bloc, le fer hors de la gaîne,
Et, muette, se tint devant le vieil époux.
Lui, plus pâle, frémit, plein d'amour et de haine,
L'enveloppa longtemps d'un regard sans merci,
Puis dit d'une voix sourde : - Il faut mourir, Tiphaine.
- Sire Jarle, que Dieu vous garde ! Me voici.
J'ai supplié Jésus, Notre-Dame et sainte Anne :
Désormais je suis prête. Or, n'ayez nul souci.
[…]
Charles-Marie LECONTE DE LISLE