3 février 2011
Sonnet IV - Louise Labé
IV
Depuis qu'Amour cruel empoisonna
pour la première fois de son feu ma poitrine,
j'ai sans cesse brûlé de sa folie divine,
qui ne quitta pas un seul jour mon cœur.
Quel que soit le supplice, et il m'en fit subir beaucoup,
quelle que soit la menace et la ruine prochaine,
quelque pensée de la mort qui met fin à tout,
mon cœur ardent ne s'étonna de rien.
Plus Amour nous attaque avec force,
plus il nous fait rassembler nos forces ,
et nous fait être frais en ses combats ;
mais ce n'est pas qu'il nous aide en rien,
lui qui méprise les dieux et les hommes,
c'est qu'il veut paraître plus fort que les plus forts.
Louise LABÉ
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