19 juin 2010
L’enfant née depuis peu - Jules Supervielle
L’enfant née
depuis peu
L’enfant née
depuis peu
(...) Elle pense
Si sévères et si
grandes
Ces personnes qui
regardent
Et leurs figures
dressées
Comme de hautes
montagnes.
Suis-je un lac,
une rivière,
Suis-je un miroir
enchanté ?
Pourquoi me
regardent-ils ?
Je n'ai rien à
leur donner.
Qu'ils s'en
aillent, qu’ils s'en aillent
Au pays de leurs
yeux froids,
Au pays de leurs
sourcils
Qui ne savent rien
de moi.
J'ai encore fort
affaire
Dessous mes closes
paupières.
Il me faut prendre
congé
De couleurs à
oublier
De millions de
lumières
Et de plus
d'obscurité
Qui sont de
l'autre côté.
Il me faut mettre
de l'ordre
Parmi toutes ces étoiles
Que je vais
abandonner.
Au fond d'un
sommeil sans bornes,
Il me faut me dépêcher.
Jules SUPERVIELLE
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