Écoute le sol - Agnès Cazorla
Écoute le sol
écoute le sol
en aplat sur la dune
sur la morsure / asphalte / noire ou blême
étoile / courbe
fondre / doucement
dans la nuit qui jaillit
que la nuit
que la marée recouvre
que le corps
que les bras et les jambes
tentaculent
la forme coule avec une descente raide
flamme / vacille
des bords des routes
la vitesse
une amorce le corps blanc
rien qu’une nuit de sel
sur le sol / la poitrine
les plis devant les yeux et la peau pluie
brûlante
la vitesse morcelée / le bruissement replié
battement irrégulier
un souffle / fruit mûr du coin de l’œil
des mains
des cuisses
un parfum sous la hanche
un rêve jaune électrique
plus loin
plus loin que dormir au soleil
un rêve papier / le silence argenté
avec le cri
des jupes marquées au corps
peut-être un feu / ramper
se coucher
déserter
sel poussière
le soleil pour la peau
la main creusée de lignes / absorbée
la douceur et la pluie / la douleur
rassemblée
en laissant apparaître / la splendeur de
son sexe
incisé de luxure
la douceur et la pluie
sommelle / n’existe pas
sous la douceur toujours
un écorché
Agnès CAZORLA
(1962)
[Extrait de : L’Exubérance des Fleurs, Les
Éditions Orbe, 2009]
Pour moi la musique est indissociable de ma façon d’exister. J’aimerais que mon écriture puisse être expérimentée comme quelque chose à la limite du texte, que cela puisse faire appel à un hors champ, un ailleurs. J’aime jouer sur les surfaces, les densités, comment être « habitée ». L’épiderme, mais aussi ce corps urbain ces figures dessinées, un rapport surface/profondeur, leurs limites, leurs déplacements. Ouvrir donc, tracer des lignes, mordre, effleurer. Chercher des territoires. respirer. une dérive. Si influence veut dire être traversée par l’autre, par un désir, alors oui, je suis « une femme sous influence ».