Éphéméride - Muze15
04 Février 1794
Après une motion des députés Levasseur et Delacroix, la Convention vote l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises.
La situation des colonies
en 1794
Si les
théories humanitaires des philosophes sont largement diffusées, notamment par
la Société des Amis des Noirs, à Paris, la Révolution ne prend pas d’emblée
position en faveur de l’abolition de l’esclavage. L’Assemblée constituante,
influencée par le lobby des colons maintient l’esclavage aux colonies en 1791.
La Législative accorde des droits aux hommes de couleur libres, en 1792. La
Convention s’occupe peu des colonies et des révoltes que soulèvent le maintien
de la traite et de l’esclavage. Sur l’intervention de l’Abbé Grégoire, elle se
borne à supprimer, le 27 juillet 1793, les primes prévues par la législation
royale par tonneau de jauge des navires négriers. Car l’exploitation des
ressources coloniales constitue un enjeu économique majeur. Les partisans des
colons qui ont infiltré les Jacobins continuent à dissuader l’assemblée de
toute mesure susceptible de déstabiliser la situation aux colonies.
Les nouvelles
des colonies, que la guerre sur mer les rend plus difficiles et plus rares
encore, ne parviennent à Paris qu’avec des délais de plusieurs semaines,
entrecoupés de longs silences. Ainsi, la proclamation de l’abolition de
l’esclavage à Saint-Domingue, le 29 août 1793 n’est connue à Paris qu’en
octobre.
L’arrivée de
trois députés de Saint-Domingue, Jean-Baptiste Belley, le noir, Jean-Baptiste
Mills, le mulâtre et Louis-Pierre Dufay, le blanc envoyés par Sonthonax,
commissaire à Saint-Domingue constitue un événement spectaculaire et une source
d’information pour la Convention. A travers le récit des évènements des trois
députés et leur volonté affichée de maintenir un lien entre la métropole et la
colonie l’assemblée se fait une idée de la situation aux Antilles. Confrontée à
la guerre, ne disposant guère de moyens pour agir aux colonies, la Convention
montagnarde soutient Sonthonax en proclamant l’abolition de l’esclavage, de
façon à mobiliser les populations contre les Anglais qui envahissent les
colonies. Danton déclare « Maintenant l’Angleterre est perdue ».