Le navire au port - Fernand Gregh
Le
navire au port
Sonore
et blond ainsi qu'une ruche au soleil,
Le
port autour de nous riait au soir vermeil.
Des
calfats amusaient, en se battant, la foule.
Mon
navire roulait doucement à la houle,
Paisible
sous les yeux du maître débarqué,
Et
s'en venait parfois heurter le bord du quai,
Comme
s'il eût gardé de son voyage immense
Un
doux et long roulis qui toujours recommence.
C'était
par un beau soir de juin ardent et las.
Le
port enchevêtrait ses vergues et ses mâts,
Dans
des poussières d'or lumineuses et vagues.
Les
deux môles au loin s'allongeaient dans les vagues,
Comme,
à l'heure où le vent va souffler plus amer
Deux
vastes bras tendus aux passants de la mer.
Et
cent vaisseaux, avec le flux et la marée,
Versant
aux flots leur ombre agrandie et dorée,
Çà
et là sur la mer resplendissante, épars,
Se
hâtaient vers le port ami, de toutes parts.
Fernand
GREGH