4 janvier 2010
À ma mère - Théodore de Banville
À
ma mère
Lorsque
ma sœur et moi, dans les forêts profondes,
Nous
avions déchiré nos pieds sur les cailloux,
En
nous baisant au front, tu nous appelais fous,
Après
avoir maudit nos courses vagabondes.
Puis,
comme un vent d'été confond les fraîches ondes
De
deux petits ruisseaux sur un lit calme et doux,
Lorsque
tu nous tenais tous deux sur tes genoux,
Tu
mêlais en riant nos chevelures blondes.
Et
pendant bien longtemps, nous restions là blottis,
Heureux,
et tu disais parfois : ô chers petits !
Un
jour vous serez grands, et moi je serai vieille !
Les
jours se sont enfuis, d'un vol mystérieux,
Mais
toujours la jeunesse éclatante et vermeille
Fleurit
dans ton sourire et brille dans tes yeux.
Théodore
de BANVILLE
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