Cheval Blanc - Marc Blanchet
Cheval blanc
De nature revenir parfait. Poser des pieds nouveaux dans les
empreintes.
Poursuivre furieux le vent premier, grandir dans l’ombre trouble des forêts,
trouver la source jamais quelconque, abréger le monstre au bord des lèvres.
Vérité des clairières. Nymphes sur les genoux. L’originel enchantement.
De nature, revenir. Avant la terre retournée pour la semence.
Se souvenir des raisins frais. D’une pomme pour haleine. Du recommencement.
Hanter le jour en nudité. Avancer — un serpent dans le sang. Escalader les
saisons
— sexe droit, corps courbé sans peine, jamais usé, jamais triomphant, aimant,
aimé,
avant les mots en écharpe, la rocaille des blasons, le filtre du ressouvenir,
matériaux
en vrac dans l’atelier. Rosée disséquée.
Tête pleine, peine perdue. On parle du monstre, fermé le livre on le voit et
l’entend :
il marche en rond dans la chambre. Ouvre le corps et ne lit rien de nouveau.
Il veut et n’obtient pas. De nature être le premier rentré, revenu-revenant
parmi les ombres et les arbres, le vrai sylvestre, l’entrée en matière
des écorces dans la bouche. L’éclatement des roses. Le lierre sous les
chemises.
L’astre à la paume basse. La belle énumération. Entrer au jour, nu de plus
soif.
Entrer à l’envers des feuilles, hors la blancheur instruite. Féconder d’un jour
sauf la nature.
Marc BLANCHET
[Extrait de Cheval Blanc]