Chanson de toile - Claude Ber
Chanson de toile
De ces étés si fin tissés
Par la lumière du levant
Quand l’ombre douce des mûriers
Berce les fileuses de vent
De leur parfum d’eau et de laine
D’agneau de lait à la fontaine
T’en souviens-tu la Magramüe
La vie nous aura tant blessés
Qui tout finit et tout emporte
Des cœurs pillés
Que la douleur est langue morte
au cri troué
Nos mains mêlées nous blasonnaient
Sur sable en ciel louve d’argent
Et renaissait la destinée
Dans la bouche des avalants
Double torche au mas de misaine
Des corps étreints à perdre haleine
T’en souviens-tu la Magramüe
La vie nous aura tant pliés
Qu’au matin frappent à la porte
Des mains coupés
Tous les espoirs sont lettre morte
Aux aveuglés
Scintillent les noms aimés
Auprès du Centaure paissant
L’herbe du ciel incendié
A l’unique corde du temps
S’égrène des amants l’antienne
De leur sapience souveraine
T’en souviens-tu la Magramüe
Tous ceux qui se seront aimés
Quel avenir les réconforte
Les exilés
Quand s'éloignent les âmes mortes
Et séparées
Claude BER
2005
[Edition Printemps des poètes]