29 mai 2009
Les Destinées - Alfred de Vigny [II]
Comme un vol de vautours sur le sol abattues,
Dans un ordre éternel, toujours en nombre égal
Aux têtes des mortels sur la terre épandues,
Elles avaient posé leur ongle sans pitié
Sur les cheveux dressés des races éperdues,
Traînant la femme en pleurs et l’homme humilié.
Un soir, il arriva que l’antique planète
Secoua sa poussière. - Il se fit un grand cri :
« Le Sauveur est venu, voici le jeune athlète ;
« Il a le front sanglant et le côté meurtri,
Mais la Fatalité meurt au pied du Prophète ;
La Croix monte et s’étend sur nous comme un abri ! »
Avant l’heure où, jadis, ces choses arrivèrent,
Tout homme était courbé, le front pâle et flétri ;
Quand ce cri fut jeté, tous ils se relevèrent.
[…]
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