Que ne suis-je eschangé en une source claire - Jacques Grévin
Que ne suis-je eschangé en une source claire
Que ne suis-je eschangé en une source claire
Distiliant à jamais un grand ruisseau de pleurs,
Pour tant d'impiétez, de meurtres, de malheurs,
Qui à tousjours plourer ne me font rien qu'attraire ?
Nature me devoit au costé gauche faire
Une ratte engrossie et de doubles largeurs,
Pour rire incesamment les bouillantes fureurs
De ceux-là qui tant bien se sçavent contrefaire.
Je voy journellement un grand sot ignorant,
Tout vieil et tout cassé, aux grandeurs aspirant,
Et discourir tout seul de l'ordre de l'Église ;
Reprendre un gouverneur, prédire asseurément
Par la sédition le subit changement,
Et ne veult toutesfois que je Gélodacryse.
Jacques GREVIN
La gélodacrye est un mot d'ancien français, employé par Grévin, Clément Marot ou Rabelais par exemple, qui définit un état où on ne sait pas si on doit pleurer ou rire en présence de certaines situations.