Extrait - Marie-Noëlle Agniau
J'ai tous les droits pour décrire ton événement. Livre des oiseaux en main, je te conseille de ne pas courir, pas comme tu le fais du moins. Tu parles presque. Nul filet ne trie les remous de ta langue. Sa demande excessive, d'air d'appui d'entame. Tu es mon paradis. Mon paradis paradisiaque, où je fais boire tous mes instants, même les plus bestiaux parce que je ressemble aux bêtes quand je regarde le monde se nier dans la guerre des corps, toujours plus vaste toujours plus noire, toujours plus précise dans le dénombrement des corps. Tu es mon paradis. Mon éclatant jardin quand tu marches vers moi, les cheveux en proie à la coiffure du soleil. C'est elle que tu promènes dans les feuilles toutes vertes du week-end. Tu pousses la poussière d'un pied. Un pied ne suffit pas. Tu renverses toutes les étoiles de la nappe, toutes celles du ciel, tout ce qui n'est pas toi. Parfois tu te renverses dedans. Comme dans les bras de chair d'un lit jumeau. Comme l'écharpe qui réchauffe tous les visages. Tu es mon paradis, tout juste à ton prénom. La haine peut s'abattre.
Marie-Noëlle AGNIAU
inédit 2004
[Extrait de Temps béni où fut sommeil]
Elle est née le 4 janvier 1973 à Verdun. Depuis 1996, elle est professeur certifiée de philosophie dans l'académie de Limoges. Actuellement, elle enseigne au Lycée Auguste Renoir à Limoges même. Son mémoire portait sur la phénoménologie de Husserl et le concept d'intersubjectivité.
Parallèlement, elle écrit depuis une dizaine d'années, essentiellement de la poésie et de la prose. Ses poèmes sont publiés en revue depuis 2001 de manière régulière et récurrente : Friches, L'Indicible frontière, Traces, Rétroviseur, Décharge, Contre-allées, Encres Vives...