Quelques degrés à l'ombre - Philippe Longchamp
Quelques degrés à l'ombre
(Extraits)
Pluies à verse sur les bois – loup y es-tu ?
Au fin fond, peut-être ! Mais où, la brune
un rire entre les dents auquel j’allume
mon cœur à battre fou haché menu,
et mes paumes n’en veulent qu’à ses boucles ?
Sur cette photo noir-et-blanc, le grain
est dur .Intérieur, nuit. Ça lui dessine
une peau de granit. Au vrai, fulmine
là-dessous un sang d’orage. Mes mains
en ont mémoire à brûlure, et s’obstinent.
Celle qui navigue à vue de mes côtes
habite son ardent petit navire
aux vents chantants des désirs. Et s’ils virent,
ne pas craindre ! Elle n’oublie pas ses hôtes,
tire un bord, étarque, et remonte au près.
Balle ou soleil ou fruit, quand le cœur cogne,
les lèvres au-dessous auront brûlé.
Et c’est bien ! Qui vibre – désir bandé,
utopie en marche ou ardente rogne –
est l’allié des flammes bleues de l’été.
Philippe LONGCHAMP
2005
[Edition Printemps des poètes]
Né en 1939 à Boulogne-Billancourt, a été d'abord ingénieur électronicien, a travaillé jusqu'en 1969 au Service de la Recherche de l'O.R.T.F que dirigeait Pierre Schaeffer. Il a suivi pendant ce temps des études de Lettres, puis est devenu,pour plus de trente ans, un heureux professeur de français auprès de lycéens de l'enseignement technique, d'abord en banlieue parisienne, ensuite à la Porte de Clignancourt. Il est désormais libre de son temps.