La transmission - Muze15 [IV]
La transmission [IV]
De nous jours, nous partageons avec l’humanisme de la Renaissance une
même expérience de la rupture dans les formes de la transmission :
parentale, scolaire, culturelle. La transmission devient un enjeu
spirituel et intellectuel pour une société donnée. Transmettre, cela ne
se peut sans disposer d’un organe critique du passé et c’est pourquoi
il n’y a pas de retour à l’âge d’or des savoirs transmis, ni
d’éducation à leur vérité sans un fondamental besoin de rénovation.
L’humanisme est riche de ses réformes, rénovations et autres
restitutions. Elles n’expriment que le libre exercice d’un pouvoir
critique qui seul permet à une culture née dans des conditions données
de formuler une prétention à l’universalité.
La continuité se perpétue grâce à l’échange. Cette action de
communication entre les êtres est un réel acte d’amour. L’humanité
défie le temps et la mort à travers les générations qui se succèdent
grâce à la transmission, comme la volonté de rester éternellement sur
cette terre. L’amélioration, le perfectionnement de ce que l’on a reçu,
enrichi de ce que l’on est devenu appartient à l’idéal de la
transmission. Un des véhicules de la transmission est le rituel.
Transmettre appartient à l’essence même de la vie. Notre vie est
action, notre mission et le cours de notre existence doivent être
transmission. La transmission de ces valeurs restera toujours du
domaine de l’engagement individuel. Quoi de plus beau que de faire
passer ce qu’on possède en la possession d’un autre. Qu’elle soit orale
ou écrite, la transmission est un fondement sociétal, une quête de
sens, un désir de progresser, de comprendre, un véritable impératif
dans tous les domaines concernés. La philosophie africaine de la
transmission de la tradition par la parole se trouvent assez bien
résumée dans la célèbre formule du grand érudit peul du Mali, Amadou
Hampaté Bâ, qui disait : « Quand un vieux meurt, en Afrique noire,
c’est une bibliothèque qui brûle ! »
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