Les plaisirs du lundi - Belinda Cannone
Le Corrège "Jupiter et Io", toile. Vienne, Kunsthistorisches Museum
Style Renaissance - allégories et mythes, Mantoue (Italie), 1531
Regarder un tableau
Etonnement, ou jouissance pudique de la femme étreinte ? Jupiter, dans ce "Jupiter et Io" du Corrège, réalise ici sa plus belle métamorphose. Il ne trompe pas Io en proposant à ses sens illusionnés une autre apparence de lui-même : il s'est fait cette fois humble et puissante nuée, presque rien, quasi-évanouissement dans l'atmosphère - il a su prendre la forme même du désir de la femme. Io était venue s'asseoir sur ce rocher, pour rêver, pour sa toilette peut-être, et des soins qu'elle a donnés à son beau corps s'est levée cette rêverie douce et ardente, imprécise, dont va profiter Jupiter. Pas d'enlèvement. Plutôt un ravissement. Ainsi du regardeur qui, passant cette œuvre, s'y arrête et y voit son propre contentement redoublé dans les yeux de la belle. Car un tableau est une chimère colorée, une nuée sans épaisseur qui saisit voluptueusement notre attention et nous ravit, sans qu'on sache pourquoi, dans le plaisir de cette apparition qui ne révélera jamais son énigme.
Belinda CANNONE