Ma foi, c’est fait - Vincent Voiture
Ma foi, c’est fait
Ma foi, c’est fait de moi : car Isabeau
M’a conjuré de lui faire un rondeau.
Cela me met en une peine extrême.
Quoi treize vers : huit en eau, cinq en ème !
Je lui ferais aussitôt un bateau.
En voilà cinq pourtant en un monceau.
Faisons en huit, en invoquant Brodeau,
Et puis mettons par quelque stratagème :
Ma foi, c’est fait.
Si je pouvais encor de mon cerveau
Tirer cinq vers, l’ouvrage serait beau.
Mais cependant je suis dedans l’onzième,
Et si je crois que je fais le douzième.
En voilà treize ajustés au niveau.
Ma foi, c’est fait !
Vincent VOITURE
(1598-1648)
(1650)
[Œuvres]
Chantez-nous
Non pas du sérieux, du tendre ni du doux ;
Mais de ce qu’en français on nomme bagatelle,
Un jeu dont je voudrais Voiture pour modèle.
Jean de La FONTAINE
Pendant le séjour de la reine à Ruel, un jour qu’elle se promenait dans les jardins en calèche, elle remarqua que Voiture rêvait en se promenant... La reine lui demanda à quoi il pensait. Alors Voiture, sans beaucoup y songer, fit des vers burlesques à la reine, qui étaient plaisants et hardis.
Mme de MOTTEVILLE
Mémoires, t. I