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CLOPIN - CLOPANT
19 novembre 2007

Tous égaux face à la violence - Muze15

Tous égaux face à la violence …

Il faudrait n’en rien déduire. L’homme qui a blessé d’un coup de couteau au ventre le maire de Paris étant un déséquilibré, son geste n’aurait donc aucun sens. Ni celui commis par cet autre déséquilibré qui a tiré sur le président de la République le 14 juillet. Ni cette fusillade, le 27 mars 2002 à Nanterre, où huit conseillers municipaux ont trouvé la mort, mitraillés, là encore, par un déséquilibré. Pourquoi faudrait-il n’en rien déduire ?
Relativiser ces trois actes sous le seul prétexte qu’ils aient été accomplis par trois hommes forcément déséquilibrés – un individu doué de raison ne tire pas sur ses concitoyens ni ne les poignarde – est une manière dangereuse et aveugle de se rassurer. Ce n’est pas l’état mental des agresseurs qui constitue le point commun entre ces actes mais leur cible : des élus. Ils sont, de part leur mandat, le mobile du crime.
La violence rattrape donc les politiques. Il y a là une effrayante cohérence. La société française étant victime d’une insécurité chronique,  il est – pardon du mot – « normal » que les politiques la subissent. En seraient-ils épargnés qu’il faudrait leur faire reproche de mal accomplir leur mission, de trop se protéger dans des bureaux sans fenêtres, coupés du monde et des gens.
Les hommes politiques, et c’est le cas particulièrement des maires, sont proches de leurs électeurs, vivent parmi eux pour bien les connaître. Cette proximité est peut-être l’instrument de mesure qui permet de calculer le degré d’authenticité d’une démocratie. Plus les élus sont proches de leurs électeurs, plus cette démocratie est réelle et vivante. L’éloignement des gens de pouvoir étant le fait des dictatures. Dès lors, dès que la société se fait violente, les élus, parce qu’ils sont en charge, exposés, visibles, prenant le risque de déplaire, sont naturellement en première ligne. Leur courage est à saluer. L’épreuve qu'a traversé Bertrand Delanoë, comme avant lui Philippe Douste-Blazy, blessé en 1997 par un coup de couteau, est partagée par d’autres hommes et d’autres femmes agressés dans leur cité ou sur les trottoirs.
Il n’y a pas de victimes plus ou moins importantes selon leur position sociale ou leur statut. Elles sont toutes égales.
Quand un élu est frappé, il s’agit certes d’un symbole fort qui témoigne de l’état de dégradation d’une société où ceux qui sont en charge de la représenter et de la conduire attirent sur eux la haine. Mais si cette violence « extra-ordinaire » atteint les sommets du pouvoir, qu’il soit municipal ou présidentiel, cela signifie qu’en dessous, tout en dessous, dans les couches que l’on dit populaires, les gens, et parmi eux les plus démunis, sont confrontés plus brutalement encore à cette autre violence que la banalisation des choses habituelles qualifie scandaleusement « d’ordinaire ». La violence n’a pas de qualificatif. Elle est la même pour tous. En la subissant à leur tour, les élus vont jusqu’au bout de leur mission : vivre ce que vivent les électeurs. Jusque dans leur chair !

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  • Plutôt un "carnet" de vie qu'un journal intime! Pépites de lectures, trésors de musique, magie des mots, "tsunami" de sensations, de découvertes, de pistes de réflexion pour mieux cheminer dans ce monde cruel et érodant.
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