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CLOPIN - CLOPANT
30 août 2007

L'Évadé - Boris Vian

L'évadé

Il a dévalé la colline
Ses pieds faisaient rouler des pierres
Là-haut, entre les quatre murs
La sirène chantait sans joie

Il respirait l'odeur des arbres
De tout son corps comme une forge
La lumière l'accompagnait
Et lui faisait danser son ombre

Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il sautait à travers les herbes
Il a cueilli deux feuilles jaunes
Gorgées de sève et de soleil

Les canons d'acier bleu crachaient
De courtes flammes de feu sec
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il est arrivé près de l'eau

Il y a plongé son visage
Il riait de joie, il a bu
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il s'est relevé pour sauter

Pourvu qu'ils me laissent le temps
Une abeille de cuivre chaud
L'a foudroyé sur l'autre rive
Le sang et l'eau se sont mêlés

Il avait eu le temps de voir
Le temps de boire à ce ruisseau
Le temps de porter à sa bouche
Deux feuilles gorgées de soleil

Le temps de rire aux assassins
Le temps d'atteindre l'autre rive
Le temps de courir vers la femme

Il avait eu le temps de vivre.

Boris VIAN
[Chansons et poèmes]

Le poème "Le temps de vivre" à été écrit en 1954. Il a été chanté, la même année, par Philippe Clay sur une musique de Jean Mengeon (pianiste). "Le déserteur" à été également écrit en 1954, au mois de février. Le thème principal du "Temps de Vivre" se rapproche d'un autre poème écrit en 1952 : "Je voudrais pas crever", extrait d'un recueil de poèmes du même nom, publié à titre posthume, en 1962.
Les sentiments, idées exprimés par Boris Vian dans " Je voudrais pas crever " et " le Déserteur " se retrouvent dans " Le temps de Vivre ".
La condamnation à mort
Il est nécessaire de mentionner l’antimilitarisme de Vian, surtout que le poème a été rédigé après la Seconde Guerre mondiale : il se peut, mais sans certitude, que le personnage soit un évadé de guerre. La peine de mort était toujours en vigueur à l’époque de Vian. On peut imaginer que l’évadé du poème était condamné à mort, ou tout du moins qu’il avait été condamné à une lourde peine, comme la perpétuité.
L’évadé a conscience que, de toute façon, il va mourir. Il y a différentes alternatives qui s’offrent à lui : mourir en prison, en attente, (dans le couloir de la mort), ou en s’échappant…
Nous sommes tous condamnés à mort, mais à plus ou moins long terme…Ce qui compte, c’est qu’on ait le temps d’accomplir ce que l’on souhaite, et d’avoir le temps de profiter un peu de la vie. La vie est quelque chose de précieux. Elle peut nous être enlevée à tout instant. Passer de l’état de vivant à mort en une seconde. C’est pourquoi, il faut en profiter. Chaque petite chose de la vie est un vrai bonheur. Nous n’en avons pas forcément conscience lorsque nous avons, ou croyons avoir, la vie devant soi. Le poème de Boris Vian renvoie au Carpe Diem, (cueille le jour) d’Horace.
La liberté (et ce qu'elle implique : profiter de la vie, moment de bonheur)
La liberté au sens propre : liberté d’aller et venir ; ne pas être enfermé ; pouvoir faire ce que l’on souhaite, même des petites choses simples (comme courir , boire l’eau du ruisseau)… Des choses qui paraissent sans grande importance lorsque l’on est libre et que l’on a la vie devant soi, mais qui prennent une autre ampleur lorsque l’on en est privé ou lorsque l’on a conscience que c’est peut-être la dernière fois que l’on pourra les faire…
Parallèle avec la vie de Boris Vian
Par ce poème, Boris Vian fait référence à sa propre menace de mort : la maladie. Ici, sa maladie est imagée par les "assassins". Il est poursuivi par sa meurtrière : sa maladie et il sait qu'il ne pourra pas lui échapper. La seule chose que l'évadé, et donc lui-même (car il y a une identification entre l'évadé et l'auteur, il se met lui-même en scène), désire, c'est qu'on lui laisse le temps (que l'évadé ne se fasse pas trop vite rattraper, que Boris Vian ne se fasse pas trop tôt emporté par sa maladie), le temps de vivre, le temps d'accomplir ce qu'il souhaite avant de partir.
De profiter de quelques moments de bonheur.
Boris Vian profitait de la vie au maximum. Il a été très prolifique. Il est mort à 39 ans et a écrit de nombreux textes en si peu de temps. Parce qu'il savait que du jour au lendemain, tout pouvait s'arrêter. Le temps était compté...
Faire le maximum de choses en peu de temps (comme l'évadé).
Il est mort subitement devant la projection de J'irai cracher sur vos tombes, film pour lequel il était plutôt réticent.

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Commentaires
L
pouri
I
Oh putein ;<br /> ce putein de poeme de merde il me saoule ! Je dois faire un vieu putein d'exposé dessu, fais chier putein. Bref les potes, allons buter DU CONNARD ! x|
C
The success of the results it off in the middle of insufficient twists and turns.
M
nous biujk nhutd rgf
N
A cat may look at a king.
CLOPIN - CLOPANT
  • Plutôt un "carnet" de vie qu'un journal intime! Pépites de lectures, trésors de musique, magie des mots, "tsunami" de sensations, de découvertes, de pistes de réflexion pour mieux cheminer dans ce monde cruel et érodant.
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