Un couple de tragédie : retour sur un tragique fait divers - Muze15 - [III]

Un couple de tragédie

On se dispute, on s’entredéchire, on se déteste presque, on se raccommode sur l’oreiller, incapable, malgré tout, de se passer l’un de l’autre.
C’est bien cela l’amour.
Paul LÉAUTAUD

Elle est le symbole de la femme émancipée, il est le porte-voix d'une génération désenchantée. Ils auraient pu devenir un couple emblématique. Elle est morte sous de poing, dans un hôtel de Vilnius, en Lituanie.
On la connaît, Marie Trintignant, elle passe sur nos écrans depuis l'âge de ses 16 ans, elle porte un nom … On l'a entendue parfois pousser quelques coups de gueule, elle sait se battre, on la croit, elle est moderne. Elle a 41 ans, elle a eu quatre enfants avec trois pères différents, elle est libre, Marie, ce n'est pas une tiède. C'est un être qui se promène dans la vie comme un roc sur un fil de funambule, dont on sent bien qu'à tout moment, à cette mélancolie qui traîne parfois dans ses yeux, cette gravité de la voix, il peut basculer. Discrètement, elle incarne quelque chose, Marie Trintignant…
Son compagnon, aussi, Bertrand Cantat, à 39 ans, est le leader du groupe de rock Noir Désir qui, depuis son tube « Aux sombres héros de l'amer… », envahit peu à peu la scène française. Les parents s'enflammaient avec Téléphone, les enfants se révoltent sur Noir désir. Mais Cantat n'est pas le porteur d'une contestation dure. Cantat, c'est du « soft » rock. Pour le Chiapas, le Tibet libre et José Bové. Contre le Front national et Jean-Marie Messier, le patron d'Universal, sa maison de disques, qu'il conspue le soir des victoires de la musique, en direct à la télévision. Causes nobles, sans nul doute. Mais pas très iconoclastes. Le Noir Désir Bertrand Cantat n'est pas le Sex Pistols Sid Vicious. Il brandit les micros, mais ne casse pas les guitares. C'est l'époque qui veut ça ? Un apôtre d'une révolte sage, morale, avec une belle gueule de corsaire. Noir Désir fait un tabac chez les trentenaires.
Ce couple-là, Marie Trintignant-Bertrand Cantat, aurait pu devenir emblématique. Loin de toutes ces alliances fabriquées par la télé-réalité ou la jet-set. Ils ne font pas partie des « coups de foudre de l'été » du magazine Gala. Ils ne s'affichent pas main dans la main, bisous-bisous dans les soirées paillettes. Elle est une Trintignant, symbole de la femme émancipée. Il est le frère de combat de José Bové et de Manu Chao, porte-voix d'une génération désenchantée. Et l'histoire sombre dans le glauque, l'homme qui bat sa femme à mort, comme dans une sordide série B… Le voile « glamour » est levé, et derrière la tragédie, on découvre la réalité, un tabou : en France, aujourd'hui, six femmes meurent chaque mois sous les coups de leur compagnon… La nuit du 26 au 27 juillet, dans la chambre numéro 35 de l'hôtel Domina Plaza au cœur du vieux Vilnius, capitale de la Lituanie, bien des espoirs sont tombés.
Que s'est-il passé ?
Ce n'est que le 4 août, trois jours après la mort de l'actrice, rapatriée dans une clinique de Neuilly-sur-Seine, que le chanteur apprendra par son avocat lituanien la terrible nouvelle. « Je lui ai dit : "Marie est morte", confie Me Virginijus Papirtis. Bertrand Cantat s'est mis à pleurer. Et il a répété, plusieurs fois : "Je ne veux plus vivre"». On ne peut que le comprendre...

Jean-Louis Trintignant : « Souvent, je considère Marie comme ma mère, et elle me parle comme si j'étais son fils. »

Nadine Trintignant : « Marie n'a peur de rien. Elle part au front à découvert. »
Marie Trintignant : « Le bonheur, c'est pour vivre, le malheur, pour tenter de faire une œuvre d'art. »

Au revoir Marie...

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