Au sujet des religions - Muze15
Au sujet des religions
Selon Jorge SEMPRUN, les religions sont une « science de la consolation ». Dans ce domaine, je pense que le catholicisme est incontestablement la meilleure. Lui seul offre de l’espérance.
Le judaïsme ignore jusqu’à l’idée même d’espérance et donc de salut, puisque le destin de l’individu est d’être un maillon dans une longue chaîne.
Le protestantisme est repressif puisque notre sort est scellé à l’origine : certains ont la grâce, d’autres non, et la vie terrestre ne permet pas de la récupérer quels que soient son mérite et ses vertus ; le passeport pour l’au-delà est rédigé dès la naissance.
Le catholicisme ne cesse, lui, de distiller de l’espérance. Espérance d’un au-delà souriant : la communion des morts est une perspective séduisante. Espérance de mériter, par sa vie, le paradis. Espérance de satisfaire les exigences du Jugement dernier, comme on réussit un examen. Les religions sont destinées, aux yeux d’un athée, voire d’un agnostique, à conjurer la mort : seul le catholicisme y parvient. Mais pourquoi cette foi attirante a-t-elle besoin de s’appuyer sur des rites surannés qui frisent l’exorcisme ?
Le monde « non croyant » peut apprécier l’optimisme catholique, admirer la cohésion de l’Eglise comme institution, de loin la plus impressionnante de toutes les multinationales, mais ne peut imaginer que le refus de la contraception, le rejet du divorce ou l’idolâtrie des dépuoilles demeurent nécessaires, dans le monde d’aujourd’hui, à l’accomplissement de la foi. Vu par un athée – donc pas moi – l’idéal religieux serait une symbiose entre la foi catholique et la pratique religieuse du protestantisme, en l’occurrence la quête de l’espérance à travers une démarche individuelle et austère.
Mais les religions ne sont pas, tels des liquides, miscibles. Elles sont à prendre ou à laisser en l’état… Certains ont laissé mais nul ne peut jurer de rien. Il suffit de lire BOSSUET : « O Dieu ! Encore une fois, qu’est-ce que de nous ? Si je jette la vue devant moi, quel espace infini où je ne suis pas ! Si je la jette en arrière, quelle suite effroyable où je ne suis plus ! Et que j’occupe peu de place dans cet abîme immense du temps ! Je ne suis rien : un si petit intervalle n’est pas capable de me distinguer du néant ; on ne m’a envoyé que pour faire nombre ; encore n’avait-on que faire de moi ; et la pièce n’en aurait pas été moins jouée quand je serais demeuré derrière le théâtre. »
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